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c'est dans les petites choses


j'ai remis mon dernier travail de ma première année de cégep le 25 mai. après deux sessions dans l'environnement le plus différent de toute ma vie, je peux vous confirmer que je suis à la bonne place. j'ai passé la plus belle des années dans ma nouvelle ville d'étudiante un peu cassée, ville qui m'apporte tellement de nouveaux visages, de nouvelles raisons de tomber amoureuse des villes de mer et d'accents prononcés. le cégep c'est pas ce qu'on te prépare pour au secondaire, en tout cas, pas pour ma part. le cégep c'est de la responsabilité oui, mais c'est dilué avec le bonheur de l'indépendance et la possibilité de devenir qui tu veux. je trouve que c'est se détacher de tout ce qui te définissait au secondaire, c'est un genre de deuxième chance. tous les visages sont inconnus, les corridors sont longs, les tables n'ont pas de groupes assignés, pas de casiers en particuliers à éviter pour ne pas croiser un certain quelqu'un et si tu es chanceux, pas de cours avant midi ou même des vendredis qui finissent à 11h, si tu es vraiment chanceux. c'est certain que c'était pas censé être comme ça normalement à cause de miss corona. je ne connais pas la majorité des visages sans masques de ceux que j'aurais été censée connaître par coeur avant la deuxième mi-session. les vendredis soirs n'étaient pas dédiés aux party thèmes et les nuits se finissaient tôt. je n'ai pas usé mes souliers sur des pistes de danse et je n'ai pas cherché mon coton ouaté et mon sac dans un chambre remplie des effets personnels de beaucoup trop de jeunes un peu engourdis par l'enchaînement de canettes. je ne me suis pas fait de meilleur ami d'un soir en jouant au beer pong, je n'ai pas perdu toute ma gêne et échangé mes réseaux sociaux avec des filles bien arrangées dans une salle de bain lors de la pause pipi, ou vomi, selon le besoin. je me voyais passer à côté de moments importants et uniques, mais je me suis fait patiente, puisque rien ne se rattrape pas. tout mérite une deuxième chance, et au pire on aura essayé. j'ai été patiente et doucement, lorsque la neige s'est transformée en ruisseau sur le bord des trottoirs, ou cutter pour être une bonne native, lorsque le soleil s'est tanné d'être timide et qu'il a commencé à laisser de douces brûlures sur nos peaux pâles et fragiles qu'on venait de libérer de nos tricots, j'ai vu le virus s'épuiser et nous redonner les morceaux de nos vies qui nous revenaient de droit. avec le début des examens finaux, les opportunités aux saveurs de liberté et de normalité sont enfin arrivées. des parties de jeux d'alcool de garçons qui ont soif sont arrivées avec les bourgeons et se finissaient en course contre la montre du couvre-feu. des rencontres en vrai, des visages sur des noms, des amitiés qui se tissent aussi vite que les derniers jours d'école s'écoulent, je voyais un portrait qui me plaisait beaucoup se dessiner devant mes yeux qui demandaient des étoiles depuis si longtemps.

il y a eu les derniers examens, les derniers enregistrements dans des micros, les dernières dissertations, les dernières recherches. il y a eu le camion dix-roues du temps qui fonce à pleine vitesse tout droit dans mes entrailles en me coupant le souffle; ça passe si vite. trois ans, c'est absolument rien et du temps, on en a si peu, c'est si précieux. j'ai toujours trouvé que les choses les plus importantes et marquantes semblent prendre une éternité à finalement arriver, mais avant qu'on puisse s'en imprégner comme il se doit, les chapitres se terminent et tout s'effrite devant nous. je m'en veux souvent de dévorer des soirées trop vite et de ne jamais déguster des moments, ne jamais m'accorder d'instant pour d'absorber chaque couleur, chaque odeur, chaque visage, chaque décor, même si ce n'est qu'un appartement d'étudiant avec des bouteilles de fort vides comme décoration principale et que nous ne sommes que trois. tout est précieux et deux nuits ne seront jamais les mêmes. tout ne tient qu'à un fil que et rien ne m'est promis.

l'été est commencé depuis un mois environ, le cégep a tiré sa révérence et les bars sont de nouveau ouverts passé 9h30, le soleil est chaud, l'air humide a des arômes de bonbon et ça se marie bien au parfum de l'herbe chaude durant les après-midis de canicule. pendant les premières semaines de vacances, les journées servaient à écouter du abba et du joe dassin en colorant nos corps couverts d'huile et à se lever tard; les soirées, elles, après les meilleures douches de nos vies, refroidissant nos marques de bronzages mais sans ruiner totalement l'odeur que laisse le soleil, il y avait place à l'aventure. des sorties, avec réservation -même si le 3/4 du temps je réserve à la mauvaise date mais qu'avec chance ils ont quand même de la place pour accueillir nos pauvres âmes un peu mêlées - au seul bar ayant de l'allure où la commande est toujours la même: des crevettes popcorn venues des dieux, des pichets de sangria rose ou rouge selon notre niveau de funky de la soirée, les shooters vagin ou gin lime juste avant le last call. sans compter les tournées payées par des inconnus quand on célèbre une autre année sur la terre d'une de nos filles ou juste parce que tout le monde attendait de payer des shots à des inconnus quand l'envie lui prend. lorsque le portefeuille cégépien était plus fatigué, c'était soirée de cannettes d'eau pétillante à la vodka, de chips au vinaigre ou de salsa tostitos pour souper, juste avant d'aller rejoindre d'autres gangs de grands enfants dans des appartements qui ont des noms et des divans qui font de parfaits lits lorsque, à quatre heure du matin, le 5 minutes de marche pour rentrer à la maison semble la randonnée de l'année. il y a eu des décisions de dernière minute qui nous ont menées à l'autre bout de la région, près de l'eau, et qui me permettaient de mêler mes nouveaux humains préférés à mes anciens coups de coeur que je n'avais pas vus depuis l'été 2018. ou encore des trop nombreuses nuits à chanter mamma mia de a à z. puis, comme toute bonne chose ne peut durer pour l'éternité, les départs des non-natifs du programme sont doucement retournés dans leurs régions-maison à eux. atm c'est un gros océan où toutes les rivières viennent s'y jeter, mais l'été le courant fait un 180 degrés et chacun retourne vers sa source. ce qui laisse l'océan quelque peu vide.

il y a eu le déménagement de ma petite pierre précieuse avant son départ vers chez elle. je m'ennuie beaucoup d'elle, c'est correct elle revient me voir par surprise et c'est la plus belle chose du monde. j'ai moi aussi laissé mon premier cocon d'étudiante et j'ai réalisé que je possède atrocement trop de vêtements. je m'en suis créé un nouveau plus à mon image, avec encore plus de souvenirs dans mes commodes, d'histoires bien gardées dans les boîtes, que je n'ai pas encore défaites, et de photos sur mes murs. et, cette fois-ci, sans me vanter, j'ai un immense salon et j'habite avec les petites personnes les plus attachantes. quand les appartements étudiants se sont vidés, atm s'est mis sur pause et la vie de campus habituelle s'est éteinte pour la saison des longues nuits. on a accroché notre deuxième vie et on est redevenus nous, pas dans le mauvais sens par contre. les choses se sont calmées, les emplois ont commencé. faire des venti lattés et des refreshers avec limonade demi glace de 7h à 16h, ça épuise plus qu'on pourrait le croire. ça ne veut pas pour autant dire que l'été est à l'eau, même si la température de la dernière semaine l'était. lors des belles journées où les congés sont mutuels, on ne se crème pas assez à la plage, on essaie de grimper sur des roches pour sauter dans des lacs et, soit on s'érafle les genoux, soit on échappe nos cannettes de vin parce qu'on rit trop. on chasse les paysages où le ciel est orange et l'éclairage est beau, on se fait des vins fromages dehors et je deviens sérieusement amoureuse du fromage de chèvre. j'ai même eu la visite de mes filles de ma ville de béton, elles confirment mon obsession pour ma ville d'étoiles. les moins belles journées où le ciel nous boude nous servent de raison pour s'enfuir au chalet et gober des épisodes de réunions de nos séries préférées ou bien de gober des saisons complètes de concours de drag queen trop rapidement pour que ce soit normal. l'été est tout en douceur, simple, au rythme des journées, de l'indice humidex, au son de chansons de taylor swift, de coeur de pirate et de gentil dauphin triste de gérard lenorman. il s'annonce beau et j'ai les plus incroyables humains de pépites d'or et de diamants autour de moi avec qui me créer une tonne de nouveaux souvenirs. il s'annonce mémorable dans les toutes petites choses. il s'annonce exactement ce qu'il me fallait. je suis contente, je suis si bien. j'ai si hâte de le vivre et de tout vous dire.


bon été, imprégnez-vous de tout autour de vous, prenez, responsablement, des coups de soleil et des bouteilles de vins avec ceux que vous aimez. on attend depuis tellement trop longtemps. on a tous un an et demi de cafés glacés et de becs sous les constellations à rattraper. et faites vous vacciner, je veux jeter mes masques avant ma deuxième année de cégep.


mïa xxxxxxxxx


ps: que j'en entende pas un dire non à une aventure de dernière minute







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