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ce que devient mon coeur de bière


coucou, encore re-bonjour? la dernière fois que j'ai écrit c'était à ma fête, ça fait donc un bon moment, et depuis, je me sentais un peu dans les nuages. la tête embrouillée et les pensées dans le brouillard. je misais sur mon été pour m'aider à voir plus clair, à retrouver mon chemin. et je misais gros. ça faisait un an que je comptais les jours, que je rejouais mes anciens souvenirs, que je rêvais de l'odeur de la mer et de la sensation d'espoir qui m'habite quand je regarde les étoiles percer le ciel noir. je suis partie de ma ville de béton et j'avais le coeur sur le point d'exploser. finalement c'était un tout autre scénario que celui que j'avais imaginé. je ne vivais pas comme j'avais vécu l'été d'avant.

je travaillais dans un petit magasin-boutique-dépanneur-restaurant où je vendais, ironiquement, du poulet frit ( les animaux ne font plus partie de mon alimentation depuis presqu'un an). je proposais des sacs en papier à la place des sacs de plastique et je devenais la personne la plus heureuse lorsque je faisais un shift de caisse parce que ça voulait dire que je pouvais mettre le polar des caissières. je m'alimentais de sushis végés qu'on n'avait pas vendus la veille, de slush rouge et rose, de redbulls et de lattés le matin quand je rentrais encore toute endormie. j'étais bien dans mon petit magasin, j'avais du temps pour rêvasser à un garçon aux yeux bleus et aux intentions pas super claires, je racontais les nouveaux potins tout chauds à mes cocottes et collègues de travail, ça devenait mes moments favoris. j'étirais mes demi-heures de souper et je passais le balai comme si ma vie en dépendait pour partir un peu d'avance, même si je revenais une heure plus tard faire de la caisse pour mon propre bonheur et voir mes clients réguliers préférés.

cet été, j'ai découvert de nouvelles âmes, de belles âmes. je suis devenue tissée serrée avec des humains que je ne croyais pas pouvoir aimer autant. c'était un été d'amitiés, de ballades en auto, de promenades improvisées. toutes les raisons étaient bonnes : pour s'enfuir des soirées sans étincelles, pour se vider le coeur, pour pouvoir chanter jusqu'à perdre le souffle et ne déranger personne ou juste parce que les étoiles brillent plus fort plus loin. c'était un été de plage et de sauts au bout du quai. un été de camping dans une bébé clairière à la st-jean, un été de nuits dans des roulottes et des chalets loin loin loin. un été de shotguns un peu partout et de soif dans des garages. l'été des cheers!, des bières tièdes, des gins tonic doubles pas buvables. je suis restée proche de mon amour de meilleure amie, mais je l'ai vue changer et je pense que je n'étais pas prête à voir ça arriver. j'ai changé aussi. ça n'a pas été facile mais je vous jure que c'est dans les moments les plus sombres, les plus brumeux qu'on voit qui est fait pour rester et qui ne l'est pas.

c'est ça qui s'est passé cet été, je me suis sentie changer. je me suis vue me choisir avant les autres, je me suis vue me mettre à écouter ce que la petite voix en dedans me disait de faire. c'était la première fois que je le faisais vraiment et je dois dire que c'était un sentiment qui m'a fait du bien. en te choisissant, tu décides qui en vaut la peine et à qui rester accroché. alors, je me suis assise en face de l'océan, un soir où les étoiles ne m'entendaient pas, puis j'ai parlé de lui. de long en large, de chaque regard, de chaque fois où nos mains se sont entrelacées, de chaque fois où je croyais être spéciale et que je ne l'étais finalement pas autant que ce que je croyais. je me suis ouverte aux vagues, elles le connaissent bien maintenant. ce n'était pas lui qui me faisait de la peine, c'était moi. moi et mes grandes idées. il ne faisait que prendre ce que je lui offrais: tout. je lui avais donné mon coeur de bière un été plus tôt, l'été des belles soirées, l'été où il m'a jeté son sort, lui pis ses maudits yeux bleus. j'ai récupéré mon coeur. il était amoché. ça va me prendre pas mal de polysporin pour le guérir. au moins, y'est pas foutu. je suis contente de ne pas lui avoir donné ce pouvoir là.

ça va me manquer toi et moi. d'avoir les joues brûlantes quand je te croise. que tu me cherches dans les foules d'ados pompettes aux brosses. qu'on se croise en sortant les deux du travail et qu'on se parle un peu trop longtemps à travers ta vitre d'auto. que tu m'appelles ton amie mais que tu ne me regardes pas avec des yeux d'amis. et excuse moi de ne pas pouvoir l'être, ton amie. peut-être un jour, mais pas aujourd'hui, pas tant que je te verrai lorsque je ferme les yeux. je t'en veux pas, c'est moi que je blâme d'être tombée amoureuse de toi. j'ai pas fait exprès, juré.

je suis revenue dans ma ville de béton et l'automne est arrivé trop vite. je m'ennuie de mes personnes, de mes humains. mais certains ici m'avaient manqué. ça n'a pas été l'été que j'avais prévu vivre, ce fut encore mieux. je compte les mois avant le prochain, celui qui marquera aussi mon départ final de ma ville de béton. dans 9 mois et 14 jours je serai voisine de l'océan pour de bon, je pourrai parler aux étoiles sans jamais jamais leur dire au revoir. je pourrai dire que c'est ma maison. d'ici là, je profite de ma vie ici, je répare mon coeur et je travaille fort pour être la meilleure version de moi-même, je continue de m'écouter et ne fais que ce qui me fait du bien. je mets des feux d'artifices, des fleurs, des étincelles, des brillants dans mes propres yeux et je ne pense plus à lui. j'espère que tu fais pareil.

mïa xx

ps: j'ai énormément pleuré en écrivant tout ça.

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