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c'est la veille de ma fête et je sais pas comment me sentir


ben non, j'étais pas disparue, j'essayais juste très fort d'enfiler des mots sur une aiguille pis fouillez-moi pourquoi, ça marchait pas. c'était tout croche comme résultat et j'aimais pas ça. mais mine de rien, ça fait un sacré bout que je jouais au fantôme, pis j'avais envie de me réessayer, de revenir à ce qui m'a toujours fait du bien, à l'endroit où je me sens la plus libre. j'ai pas de murs ici, pas de boîte ou de liste de critères à respecter, pas de consignes. j'espère que vous avez tous un endroit comme ça, sans restrictions, un grand terrain vide à vous, pour aller vous dégourdir le coeur. ça fait du bien.

depuis la fin de l'été, les choses changeaient mais sans trop que je m'en rende compte. je suis descendue de mon nuage et il est parti avec les journées chaudes. la terre ferme c'est pas tant pire, mais c'est déprimant quand c'est couvert de neige trop longtemps. pendant ce moment où j'avais fermé mon onglet d'écriture, j'étais seule avec les tempêtes dans ma tête et avec celles de dehors. j'essayais de trouver un moyen de me sentir à ma place dans ma ville de béton. elle essaie fort que je l'accepte. elle sentait bon en automne, elle est restée jaune et rouge longtemps, puis elle a viré au blanc. pendant ce temps-là moi je me perdais sans savoir ce qui se passait. je pensais que c'était normal, que le poids dans mon estomac c'était la faute de la neige. dans le fond non. je me trompais de chemin, je me reconnaissais plus. je regardais des mains se détacher des miennes, des amis "pour la vie" s'évaporer, des visages changer. je comprenais pas grand chose. j'avais le coeur écorché, tout défait par le temps et fatigué des longues journées et je le couvrais de polysporin pour ignorer que ça faisait mal. ça me tentait pas d'être triste. le moindre stress me montait à la gorge et un monstre bloquait mes poumons. j'avais des orages dans les yeux, ça grondait fort. les étoiles avaient arrêté de me parler et moi j'étais seule à plus savoir j'étais quoi, ni je m'en allais où. la mï filait pas, je crois bien. je m'en rends lentement compte en pensant à ces petites choses, ces petits moments où j'avais le rire court, où je me sentais pas moi. je parlais dans le vide, je pensais trop et j'avais les mains qui tremblaient. quand le ciel devenait rose bonbon, quand les nuages étaient comme de la peau de pêche et quand le soleil goûtait les fraises et le miel, j'avais la gorge serrée. je me sentais loin. loin de où j'aimerais être, parce que j'avais pas ma place dans la ville de béton. loin de mes meilleures amies, de ma mer, même si elle était gelée, loin de mes étoiles, de leurs conseils, loin de la forêt, loin du calme des matins frisquets. loin de moi-même. et puis là je suis tombée amoureuse, aussi. loin, encore. je savais pas comment gérer ça moi de l'amour quand t'es loin. maudit que ça aurait été facile si je m'étais pas attachée. si son nom me faisait rien, si j'avais pas ses becs d'imprimés sur les lèvres. ça irait mieux. j'aurais pas toujours envie de savoir si il pense à moi, si il s'ennuie, ce qu'il fait ou la couleur de son chandail aujourd'hui. j'aurais pas le coeur qui passe proche d'arracher quand je vois son nom sur mon écran, j'aurais pas tellement hâte de le voir que ça hante mes nuits. mais ça c'est un mal que j'aime même si ça me rend folle à mes heures. parce que quand je suis devant lui, que je plonge mes yeux bien profond dans les siens, comme si c'était un lac bleu de sentiments, la terre arrête de tourner et le monde se tait. mes yeux explosent parce qu'ils sont trop pleins d'étincelles. c'est à la fois le pire et le meilleur mal du monde.

ce soir, au moment où j'écris ça, c'est la veille de ma fête. je me demandais ce que je pourrais bien faire comme voeu. je me suis mise à écrire et j'ai réalisé tout ça. que l'année de mes quinze ans a été belle. mon coeur est plein de souvenirs. c'était beau. la fin l'était moins, mais on se perd pour mieux se retrouver comme on dit. pis je pense que je me retrouve ce soir avec moi qui se remet à zéro pour mes seize ans. je me rend compte que je suis mieux ici que je pensais l'être, fallait juste regarder aux bonnes places. bon, ma ville de béton c'est pas ma ville aux étoiles, mais ça peut faire en attendant. je sais pas ce que je veux changer cette année, mais je pense que ce sera pas long que je vais le découvrir. je refais connaissance avec moi-même et j'aime ça. en gros c'est la veille de ma fête, je sais pas trop comment me sentir. je me dis que j'ai pas besoin de savoir et que tout ira bien. donc comme voeu, je souhaite que ce qui s'en vient soit pas trop dur à vivre, je veux être heureuse et avoir les cheveux blonds comme les après-midi d'été, je veux sourire avec mes yeux et rire avec mon âme. je veux continuer de rougir pour rien et d'inventer des expressions que tout le monde va finir par adopter. je veux passer des soirées à ses côtés, chanter fort et mal, être irresponsable quand c'est le temps et vivre ma plus belle vie. je souhaite que mon coeur soit en assez bonne forme pour aimer sans répit et danser sans être essoufflé.

joyeux anniversaire (à moi)

mïa xx

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